Aucelon | |||||||||||||||||||||
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Le temple / mairie | |||||||||||||||||||||
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La porte du temple
/ mairie | |||||||||||||||||||||
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Dessus de porte | |||||||||||||||||||||
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Le parc | |||||||||||||||||||||
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Il était une fois … . Aucelon |
Aucelon, minuscule village de la Drôme provençale perché à flanc de coteau, domine la vallée de la Roanne, au pays de la Clairette de Die. Seuls sept habitants vivent à plein temps sur ce balcon naturel, rejoints chaque week-end par plusieurs dizaines de " résidents secondaires ", pour la plupart des citadins séduits par la beauté et le calme du site. Etrange revanche de l'histoire : après des années de domination catholique réduisant les protestants à l'état de citoyens de deuxième zone, comme ce fut le cas dans de nombreux villages de la région, Aucelon a perdu son église et a abandonné son cimetière à la nature. Ne subsistent que le temple, accolé à la mairie et, particularité locale, les cimetières familiaux implantés à proximité des maisons. Le cimetière a toujours été un enjeu entre protestants et catholiques. Autrefois, ces derniers s'opposaient à ce que les Réformés soient enterrés avec eux ; alors, dans chaque ferme, un lopin de terre était dédié aux morts de la famille. Un propriétaire terrien d'une commune voisine, souhaitant acquérir la ferme d'une famille protestante d'Aucelon, avait même fait du cimetière un argument de la négociation, faisant valoir que les cimetières familiaux n'étaient pas décents et que, si l'affaire se faisait, il en ferait construire un " en dur " spécialement pour cette famille. " La promesse n'a pas convaincu le propriétaire, le projet de cimetière protestant s'est volatilisé et morts et vivants ont continué de se côtoyer. Jusqu'en 1990, date à laquelle le préfet, François Lépine, a déclaré qu'une telle pratique devait être réglementée et que des études hydrogéologiques devaient être menées afin, en quelque sorte, de faire agréer les cimetières . Aucelon, proche de Die par les chemins de la montagne, passa quasiment tout entier à la Réforme. En 1644, la paroisse comptait une centaine de familles protestantes et seulement deux catholiques. Le fief, qui appartenait aux Brottins depuis 1594, fut acheté, pour 13 500 livres, par les Alléou en 1662. Les Caritat en héritèrent en 1720 : Aucelon eut, comme dernier seigneur, la famille du fameux marquis de Condorcet, mathématicien et philosophe, qui joua un rôle éminent dans la préparation et les premières années de la Révolution. Au 19e siècle, le village, où le pasteur Jean - Frédéric Vernier fonda une bibliothèque populaire sous Louis - Philippe, fut l’un des centres des Réveils protestants. Autrefois, il n'y avait pas de temple: les rassemblements des fidèles et les cultes avaient lieu sous un noyer au quartier de Cheylanne .Cette forêt recèle des trésors : L'arbre de la réunion (un superbe fayard), l'érable sycomore plusieurs fois centenaire à l'intérieur duquel poussent d'autres arbres, des hêtres immenses aux formes étranges et la plus belle colonie d'ifs du Diois. Ensuite est arrivé « le réveil » sous l'impulsion du pasteur Vernier : un grand élan de foi chrétienne se développa. Le temple, qui abrite aujourd’hui la mairie est à l’origine d’un différent entre les habitants du village et les grands pontes du protestantisme. Seuls 2 cultes y sont célébrés chaque année, et il fait office le reste du temps de salle communale : il abrite des expositions, il est le lieu de représentations théâtrales, de soirées contes… Seul lieu de vie et de rencontre de la commune, la population du village a dut se battre pour le conserver et l’utiliser pour des manifestations autres que les cultes. La bible en relief qui orne le portail est une décoration peu commune. La commune, qui groupait près de 500 habitants au début du 19e siècle, se maintient au-dessus de 400 jusqu’en 1850, et passe sous la barre des 200 avec le 20e siècle. Son déclin démographique s’est poursuivi jusqu’à nos jours. Mais si le village ne conserve l’hiver qu’une pincée d’habitants permanents, il connaît aussi une belle animation estivale. A signaler , depuis quelque temps la réinstallation d’un boulanger à l’ancienne qui vend son pain sur les marchés de la région. |
Mémoires de Jean-Frédéric Vernier (extrait) Chapitre IV : Le réveil d’Aucelon (1830) publié en 1934 par Jean Cadier. ...Comme je marchais sur la même route que mon pied avait foulée un an auparavant (la route de Die), en compagnie de Mr Masson, je me souvins qu’alors nous avions rencontré un homme auquel nous annonçâmes l’Evangile. Il nous avait beaucoup parlé de son village et du pasteur qui ne pouvait plus ni prêcher, ni faire des visites, et du bonheur qu’il éprouverait de nous voir un jour dans son village pour y annoncer l’Evangile. Il nous avait dit son nom et le nom de son village mais je ne me le rappelais plus. Un instant après je réfléchis que j’avais inscrit son nom au crayon sur mon portefeuille. Je l’ouvre et je lis : Louis Chauvin voisin de Mr Metton, à Aucelon. Une voix me dit alors “ Va à Aucelon ” et je répondis alors à haute voix : “ Oui, Seigneur, j’irai à Aucelon ”. (c’était un Vendredi). Je ne perds pas de temps, je marche avec courage et arrive au chemin où l’homme nous avait quittés. Quelques centaines de pas plus loin, un homme me dit: “ Vous avez à marcher trois heures encore pour arriver à Aucelon; mais comme il n’est guère agréable de voyager la nuit dans nos montagnes, je conseille fort de passer la nuit au prochain village (Barnave). Demain à la fraîcheur, vous gravirez la côte, et une fois arrivé au col, vous verrez au loin Aucelon. ” . |