Ce petit village pittoresque fut longtemps un point stratégique de la région. Le donjon surplombant le village et appartenant au château certainement bâti vers 1200, contrôlait l'accès vers la haute vallée de la Drôme. Détruit partiellement au XVIe siècle, il en reste aujourd'hui un donjon éventré ceinturé par deux restes de courtine. Le village fait parti des villages de caractère de la Drôme.

Les maisons sont baignées par les eaux claires de la Drôme, et c'est l'un des sites les plus attachants de notre département.

Bien souvent, je fus le témoin de l'émerveillement des vacanciers et des touristes, qui pour la première fois s'aventuraient sur la route pittoresque qui conduit en pays diois. Emouvante apparition sur fond de ciel lumineux, que terminent au sommet les murs respectables encore solides d'un vieux donjon.

Village vinicole, où se cultive l'ancestrale Clairette de Die, qui enchante le coeur et éveille l'esprit. Village fier de son passé et de ses vestiges de civilisation romaine. Village ennobli par un souffle de spiritualité, déchiré par les guerres de religion, puis profondément marqué par la Réforme.

Témoin de cette époque troublée, revendiqué par les religions opposées et tour à tour Eglise ou Temple, ce vénérable monument mérite qu'on s'y attarde. (Maurice Verillon )

Le Temple de Pontaix, "Lieu de Mémoire" du Protestantisme en Diois

La restauration de ce monument historique (classé) nécessite d'importants travaux, auxquels se consacre l'Association "Temple de Pontaix" depuis 1986, auprès de la Municipalité et de la paroisse Réformée de Die-Bas-Diois, avec l'aide des services administratifs compétents.

- D'abord le clocher, la mise hors d'eau de tout l'édifice, et divers travaux de menuiserie, dont une porte (XVIIe) la chaire mobile (XVIIe) et la tribune (XIX e).

- puis des fresques (XIlle et XIVe. ) ont pu être découvertes et restaurées sur le mur Nord en 1997, dont une belle crucifixion du XIV e tout à fait originale, car ne correspondant à aucun canon de l'époque.

- En 2002 le mur ouest fut restauré, parcouru de la litre funéraire des seigneurs huguenots de Pontaix et la date commémorant la visite du Réformateur Guillaume Farel en 1562.

- Le projet bâti de part et d'autre de la rivière à un endroit où la vallée de la Drôme se rétrécit, en cours concerne les murs Nord et Est comprenant les deux chapelles en bretèches.

Cette ancienne chapelle du château (XIIIe) dont les ruines dominent Pontaix, devenue temple Réformé au XVI e est retournée au catholicisme du XVIIe à la Révolution, puis au protestantisme depuis 200 ans. Son intérêt historique et artistique réclame une persévérante poursuite de sa restauration. Des visites guidées sont assurées journellement ( 16h à 18h30) du 15 juillet au 15 août et par rendez-vous téléphonique toute l'année.

L'Association "Temple de Pontaix" organise chaque été des expositions, des conférences, des concerts et propose des circuits touristiques dans les villages environnants et les sites évocateurs de l'histoire mouvementée des protestants de ce paisible Diois aux si beaux paysages. Elle entretient des relations suivies avec les Musées et Lieux de Mémoire du Protestantisme en France et en Europe (Colloque annuel) et avec des descendants huguenots du Diois en " Pays du refuge " en Allemagne: à Louisendorf / Frankenau (Hesse) et à Neureut (Bade). Elle a été honorée d'un Grand Prix 2001 du Patrimoine Rhonalpin.

Pontaix et la réforme

Dans l'ensemble du Diois, les idées nouvelles de la Réforme se répandent rapidement. Dès 1561, une Eglise est " dressée " à Pontaix, comme à Die, Châtillon, Crest ou Bourdeaux. Pendant les guerres de religion, Pontaix est une des places fortes protestantes du Diois, mais ses fortifications sont démolies en 1581.

Sous le régime de l'Edit de Nantes, l'église de Pontaix rassemble près de 600 fidèles et a deux annexes, à Barsac et Aurel.

Parmi les huit pasteurs qui se succèdent dans cette église, l'un d'eux, Pierre Appais, a été le premier recteur de l'Académie de Die en 1604. En 1614, les protestants sont obligés de restituer aux catholiques l'église qu'ils occupent depuis un demi-siècle. Leur temple est rasé au moment de la Révocation. Une église clandestine est organisée vers 1740 et c'est à Pontaix que se tiennent les synodes provinciaux de 1791 et 1793.

Sous le régime concordataire, l'église catholique redevient un temple en 1803 et la chaire mobile (du XIXe ou " du Désert " ?) y est installée. Entre 1893 et 1938, l'Eglise de Pontaix participe à ce renouveau paroissial et spirituel qui marque le protestantisme de la vallée de la Drôme.

Pierre BOLLE Université des Sciences Sociales de Grenoble

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